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Une case en moins – La Dépression, Michel-Ange et moi

14 octobre 2013 Commentaires fermés

« Existe-t’il un lien entre créativité et trouble bipolaire ? »

C’est la question à laquelle tente de répondre Ellen Forney dans son titre « Une case en moins » sortie le 2 Octobre. Atteinte d’un syndrome bipolaire de type 4 (alternant phase d’euphorie et phase de déprime), l’auteure nous raconte son quotidien du diagnostic de la maladie à sa stabilisation en passant par les divers essais médicamenteux.

Dès les premières pages, l’on se fait aspirer par le caractère explosif et atypique de l’auteure. D’un baisé volé à son tatoueur à une soirée chez une quasi inconnue,Ellen est une pile électrique ne tenant pas en place. Alors lorsque sa maladie est diagnostiqué, c’est l’ensemble de son être qui est remis en cause.Comment savoir si l’on sera encore nous même avec des médicaments comme le lithium qui est censé aténuer les phases d’euphorie. Ellen est une femme et une artiste entière faisant partager au lecteur jusqu’à l’intime sans toutefois aller aussi loin qu’un Joe matt par exemple.

Elle peut d’ailleurs être rapprochée de Joe Matt pour le style cartoony (appuyant son caractère) et l’humour venant dédramatiser les situations parfois dramatiques. Toutefois, la comparaison s’arrête là car la mise en page de ce titre est à l’image de la maladie, tantôt sage, tantôt foutraque.

Le lecteur pourra se retrouver face à des « splash » pages au sens de lecture chaotique,mais aussi à des mises en scènes plus classiques (3*3). Tout cela,permet de rendre compte visuellement des différentes phases traversés par l’auteure. Sentiment d’autant plus présent face aux dessins réalisés durant les périodes dépressives où dans cette magnifique page pleine de sobriété.

Le tout est utilisé avec parcimonie et permet un vrai ressenti de la part du lecteur, contrairement à un titre comme la parenthèse où l’on en perd presque le sens de ces dessins si différents et plein de sens.

Après deux nominations aux Eisners Awards, Ellen Forney nous montre encore une fois toute l’étendue de son talent dans ce titre où elle se remet elle et son processus créatif en questions.

« Bon oui c’est bien tout ça mais la question du début tu n’y as pas répondu, tu serais pas un malhonnête ? » te demandes-tu, lecteur perdu sur ce blog.
Et bien, il semblerait que oui et que non « Malhonnête! »
Ola, ola, attendez, je vais m’expliquer. Selon Kay R. Jamison (psychiatre de son état) « les individus doués de créativité sont plus souvent atteints par la bipolarité que la moyenne », ce qui se traduit concrétement par une multiplication des risques de névroses supérieur de 2 à 3 fois pour les personnes excercant un métier créatif.

Pour l’auteure, les idées sont moins bonnes pendant les périodes d’hystérie car son esprit à tendance à partir dans tout les sens.

Le traitement ne se fait pas alors au détriment de sa créativité, même si la question reste en suspend surtout quand on regarde cette liste de grands noms atteints de cette maladie.

 



« Malhonnête ! Malhonnête! Je l’avais dit! »

Plus d’info sur la relation entre création et bipolarité ici

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